Télécoms : 12 nouveaux termes traduits en français au JO

La Commission d'enrichissement de la langue française vient de publier au Journal officiel plusieurs termes qui désignent des notions nouvelles dans le domaine des télécommunications, et plus particulièrement dans le domaine en plein essor des objets connectés. Ces termes et les définitions qui les accompagnent ont été proposés par un groupe d'experts chargés de la terminologie auprès de la Commission d'enrichissement réunissant des professionnels des télécommunications, des techniciens, des ingénieurs et des enseignants, assistés de linguistes. Ces travaux sont menés en collaboration étroite avec la Délégation générale à la langue française et aux langues de France, qui en assure la coordination.

Les téléphones mobiles, dont nous ne pouvons plus nous séparer, ont beaucoup évolué en dix ans. Sans fil, puis connectés à l'internet, ils assurent aujourd'hui de multiples fonctions informatiques ou multimédias.

Au gré des avancées technologiques, plusieurs termes sont apparus dans l'usage, en concurrence avec l'anglicisme smartphone. Le terme « terminal de poche » est paru au Journal officiel en 2009 avec son synonyme « ordiphone ». Considérant qu'ils ne se sont pas imposés dans l'usage et que la définition devait être actualisée, les experts ont proposé à la Commission d'enrichissement de les remplacer par les termes « mobile multifonction » et « mobile » (forme abrégée). La forme abrégée ayant probablement vocation à s'implanter majoritairement car il est très probable que les mobiles seront bientôt tous connectés à l'internet.

Un « mobile multifonction » doté d'un logiciel spécialisé est capable de lire un « code 2D », ou « code-barres matriciel », contenant une information intéressant directement l'utilisateur ou une adresse le redirigeant vers une autre source d'information. Pour désigner de façon générique ces figures géométriques élémentaires juxtaposées, généralement des carrés blancs ou noirs, ce ne sont pas les équivalents anglais, comme matrix code, auxquels on a recours, mais plutôt des noms de marque comme flashcode ou de norme comme QR code (le sigle anglais QR pour Quick Response, indiquant que le contenu de données peut être lu rapidement).

Les termes génériques « code 2D » et « code-barres matriciel » ont le mérite d'être clairs.

Les « objets connectés » sont de plus en plus présents dans notre quotidien : téléphone, montre, bracelet, « téléviseur connecté », assiette… ; ils se développent également dans le transport (« véhicule connecté ») l'industrie (outillage connecté) ou la santé (« automesure connectée »).

Les jeunes entreprises innovantes françaises se taillant souvent la part du lion dans ce domaine de haute technologie, les locuteurs francophones nomment l'innovation directement en français sans recourir à un anglicisme : nous disons en effet « objet connecté ». Pour désigner à la fois l'ensemble de ces objets connectés, les réseaux de télécommunications et les plateformes de traitement des informations collectées qui leur sont associés, on parle d'« internet des objets (IDO) », et pour les mêmes raisons il est difficile de savoir si le terme est apparu avant ou après son équivalent anglais Internet of Things. Cette extension de l'internet traditionnel aux objets est le corollaire des progrès récents de l' « informatique en nuage » et des « mégadonnées » (parus respectivement au JO en 2010 et en 2014). Rappelons qu'en français le terme « internet » (publié au JO en 1999) est un nom commun et qu'il prend donc une minuscule initiale.

Vous avez déjà reçu un appel depuis un numéro commençant par 01, 02, 03, qui ne laissait sonner votre téléphone qu'une seule fois. En confiance, vous avez rappelé ce numéro, et vous êtes tombé sur un répondeur vous invitant à rappeler un autre numéro, surtaxé. C'est un « appel-piège », terme explicite qui avertit l'usager du risque qu'il court, à la différence de l'anglais ping call (appel « à rebond »).

Enfin, la définition du principe de « neutralité de l'internet » montre que ce sont les fournisseurs d'accès et les opérateurs de télécommunications qui doivent rester neutres. Elle permet de mieux comprendre l'enjeu du débat depuis la décision du 14 décembre dernier de la Commission fédérale des communications (Federal Communication Commission), l'autorité de régulation des télécommunications américaine, de renoncer au principe de neutralité de l'internet, qui a été abondamment commentée dans la presse nationale et internationale.