On pensait que l'édition 2007 du Congrès 3GSM, la plus importante manifestation mondiale sur la mobilité qui s'est tenue la semaine dernière à Barcelone, verrait une multiplication des annonces grand public sur les contenus, comme le téléchargement de musique ou la télévision sur mobile. Et bien non. Ce sont finalement les entreprises qui ont été l'objet de toutes les attentions des fabricants de terminaux. Il faut dire que Microsoft occupe une place croissante sur ce marché et que l'éditeur a choisi ce salon pour dévoiler la version 6.0 de son OS pour téléphones mobiles Windows Mobile, deux ans après la version 5.0. « Nous avons beaucoup travaillé sur l'optimisation du code. Le résultat est un système 30% plus rapide que la version précédente», affirme Nicolas Petit, directeur de la division mobilité chez Microsoft. L'éditeur n'a pas lésiné non plus sur l'ajout de fonctionnalités et de logiciels. Office Mobile, qui n'était disponible auparavant que pour les PDA et téléphones à écran tactile, pourra désormais être installé sur les smartphones, faisant de ceux-ci de véritables terminauxPROFESSIONNELS. Les documents Office deviennent éditables sur les téléphones, et surtout il devient possible de les synchroniser avec les serveurs Exchange et les clients Outlook. On pourra ainsi récupérer des emails en mode push, accéder aux archives, rechercher des contacts dans l'annuaire d'entreprise ou accéder à son gestionnaire d'absence de bureau. Installé de base sur l'OS, Windows Live comprend un logiciel de messagerie instantanée, et un moteur de recherche, web et local, ce qui est nouveau. Enfin Microsoft a ajouté des fonctions de sécurité : chiffrement des cartes mémoires, effacement des données à distance en cas de perte du téléphone, administration plus fine des politiques de sécurité. L'éditeur assure que 85 à 90% des applications Windows Mobile 5.0 seront compatibles avec la version 6.0.
Conséquence de ce lancement : une déferlante de nouveaux téléphones Microsoft. HP ouvert la salve avec son premier smartphone, le iPAQ 500 Voice Messenger, compatible GSM/EDGE/WiFi/Bluetooth. Il utilise le client VoIP de Microsoft afin de pouvoir émettre des appels depuis un hotpsot WiFi. « Ce téléphone s'administre ou se configure à distance grâce à l'intégration des logiciels issus de l'acquisition de la société Bitfone. On peut même envoyer des mises à jour de sécurité ou logicielles comme pour un PC», précise Christian Chaffard, expert avant-vente chez HP. Toshiba se lance aussi sur ce marché en plein essor avec deux smartphones et une stratégie ambitieuse (voir encadré). HTC a dévoilé trois terminaux : le smartphone HTC S710 GSM/3G/HSDPA avec clavier coulissant et Windows Mobile 6.0, le PDA HTC P3350, et un terminal hybride, l'Advantage. Intéressant croisement d'un téléphone et d'un ordinateur portable, il est doté d'un écran détachable et intègre un GPS. Motorola a annoncé deux smartphones sous Windows Mobile 6.0, le MOTO Q q9, compatible GSM/3G/HSDPA et le MOTO Q, un quadri bande GSM/GPRS/EDGE. Samsung a été plus prudent en misant sur Windows mais aussi Symbian avec deux smartphones, l'un sous Windows Mobile le SGH-i600 et l'autre sous Symbian, le SGH-i520.
Car malgré cette offensive de Microsoft et de ses partenaires, l'éditeur n'occupe qu'une petite part du marché des logiciels pour smartphones , juste au dessus de RIM et très loin de la plate-forme S60 (voir infographie). « Le système Symbian et la plate-forme logicielle S60 ont été développés spécifiquement pour les téléphones mobiles, c'est notre grande force vis à vis de Microsoft. Les téléphones Symbian/S60 ont une meilleure autonomie et sont plus abordables en entrée de gamme que les téléphones Microsoft qui nécessitent une plate-forme matérielle plus coûteuse », affirme Dave Grannan, directeur des solutions de mobilité chez Nokia. Pour contrer Microsoft le finlandais a dévoilé trois téléphones professionnels. Tous sont dotés d'une connexion WiFi, quadribande GSM/3G et intègrent la nouvelle version du logiciel d'email Intellysinc compatible Symbian S60 et UIQ, mais aussi Palm, Windows Mobile...Ils peuvent également s'interfacer avec les IPBX Alcatel, Avaya et Cisco. Si le E65 est assez classique, le E61i comporte un clavier et un appareil photo 2 mégapixels, et le Communicator E90 un écran exceptionnel avec 16 millions de couleurs, un vrai clavier, un appareil photo 3,2 mégapixels, une radio FM. On voit que là encore les équipements professionnels subissent l'influence des terminaux grand public. Le E90 peut se connecter à un réseau HSDPA et intègre un module GPS pour s'interfacer avec des applications de localisation.
La navigation GPS est d'ailleurs une tendance. Nokia propose avec ses téléphones un service de téléchargement de cartes gratuit, Nokia Map, et un service de navigation payant. Blackberry, un acteur de poids en entreprise a également intégré un GPS dans son terminal 8800 annoncé lors du salon. Cet équipement GSM/GPRS/EDGE dispose d'un clavier, de la trackball Blacberry et d'une carte micro SD pour étendre la mémoire, et d'un lecteur multimédia. Au niveau des fonctions professionnelles, si tous ses concurrents disposent désormais de solutions de push mail, le constructeur compte capitaliser sur son avantage historique. « Nos produits sont optimisés pour l'échange d'email : les données sont chiffrées pour la confidentialité, les messages sont poussés en mode texte pour économiser la bande passante et les pièces jointes peuvent être visionnées avant d'être téléchargées. Mais au delà de l'email 80% de nos clients utilisent également leurs Blackberry pour accéder à leurs applications métier. Grâce à notre système sous java, il est très simple de porter une application sous Blackberry », se réjouit Christophe Ducamp, responsable des relations commerciales chez le constructeur.
Au final les téléphones professionnels et grand public convergent. Les constructeurs nomment cela le marché « prosumer ». A l’image ordinateurs portables les téléphones intègrent des modules WiFI pour se connecter en VoIP à des hotspots comme ceux de BT et bientôt à des réseaux WIMAX mobiles prévus pour 2008.
- Rédac